Dans une précédente émission, nous avons reçu Jean-Hugues Villacampa, l’un des créateurs des éditions à la flamme. Il avait parlé avec enthousiasme de cette aventure...

 

...un peu folle à nos yeux. Alors, ENTRE LES PAGES a lu l’une de leurs productions : Epicènes de Thierry Crouzet.

Epicènes s’inscrit totalement dans ce qu’on appelle les littératures de l’imaginaire. Mais ce n’est ni de la science-fiction, ni de la fantasy, ni du fantastique. Thierry Crouzet ouvre une autre porte puisqu’il inscrit sa fiction dans le monde réel d’aujourd’hui. L’accident, le hiatus plutôt, se situe dans une faculté particulière qu’ont certains humains, celle de se fondre en d’autres humains pour fabriquer des êtres au genre indifférencié. Mais ces êtres, ni hommes ni femmes dans leur apparence, restent habités par les personnalités qui les constituent. Aux yeux de la population, cette hybridation que l’on ne fait que ressentir met mal à l’aise, dérange. Le roman est construit autour de plusieurs cas jusqu’à une résolution finale déroutante.

Autant le dire, on a aimé, beaucoup aimé. Thierry Crouzet installe concrètement la question du genre en ne se focalisant pas sur les spécificités de l’un ou de l’autre, en n’abordant pas la question du changement de genre, simplement en déplaçant le curseur plus loin : quand il n’est plus possible de nommer le genre dans une société normée. Et en faisant ce pas de côté, il nous interpelle au plus profond de nous, hors de toute injonction morale, religieuse ou politique. Son style est fluide et l’arc narratif est tenu de bout en bout.

Puisqu’il s’agit d’un livre publié par une nouvelle maison d’édition, parlons de l’objet. C’est un beau livre que l’on a plaisir à tenir entre les mains grâce au choix d’une ouverture semi rigide avec un vrai rabat. L’illustration de couverture est pleine page avec en liséré le logo de la maison. Le papier est de bonne qualité et l’impression est au même niveau. Et ce qui ne gâte rien, il est broché. La taille du livre, supérieure à celle d’un livre de poche, en rend la lecture agréable.

Tous ces indicateurs comptent. Trop souvent, ces choix, fait à l’économie, rendent même les livres qui pourraient être intéressants, tristes et sans saveur.

Et comme on disait dans des temps anciens : à suivre !..