Daron Daronne, bienvenue dans la madeleine du Graal ! Aujourd'hui, nous plongeons dans les méandres d'une technologie bien française qui a été, pour beaucoup d'entre nous, notre première fenêtre sur le monde numérique : le Minitel !
Ce son ! Ce son caractéristique de connexion qui résonnait dans nos foyers... Avant l'iPhone, avant Facebook, avant même que Google ne soit un verbe, il y avait cette petite boîte beige avec son écran noir et blanc au clavier peu pratique qui trônait fièrement dans nos salons.
Lancé en 1982 par France Télécom (aujourd'hui Orange), le Minitel était un terminal connecté au réseau Télétel qui permettait d'accéder à divers services en ligne. Une sorte d'Internet avant l'heure, mais version franchouillarde et contrôlée par l'État. La France, ce pays qui a inventé le TGV et le Concorde, avait aussi son petit bijou technologique que le monde entier nous enviait... ou du moins, c'est ce qu'on pensait !
Rappelez-vous ces moments magiques : consulter les horaires SNCF, chercher un numéro dans l'annuaire électronique, commander des produits sur les premiers sites de vente par correspondance... À l'époque, c'était révolutionnaire ! Pas besoin d'attendre que La Redoute vous envoie son catalogue de 800 pages par la poste - vous pouviez voir les produits en temps réel... enfin, voir en temps réel à la vitesse d'un escargot arthritique, avec des images composées de caractères !
Et n'oublions pas le célèbre "3615" ! Ces quatre chiffres qui précédaient tous les services et qui sont restés gravés dans notre mémoire collective. 3615 SNCF, 3615 METEO, et bien sûr, le mythique 3615 ULLA ! Car oui, le Minitel a aussi été le premier support de ce qu'on appelait pudiquement les "messageries roses" - premier émoi électronique pour bien des adolescents de l'époque, qui découvraient avec fascination que derrière l'écran se cachaient des personnes réelles, souvent très différentes de ce qu'elles prétendaient être ! Une leçon que beaucoup réapprendront plus tard avec les sites de rencontres...
Utiliser le Minitel, ça coûtait cher ! Très cher ! Les fameux services commençant par 3615 étaient facturés à la minute sur la note de téléphone. Combien de disputes familiales ont éclaté quand le père de famille découvrait la facture astronomique générée par les longues heures passées sur le 3615 POKEMON ou pire encore ?
Le Minitel a vécu son âge d'or dans les années 90, avec plus de 25 000 services disponibles et 9 millions de terminaux en circulation. Un succès franco-français qui a peut-être été sa plus grande faiblesse : alors que l'Internet mondial se développait à vitesse grand V, la France s'accrochait à son petit bijou national. Une histoire très française, n'est-ce pas ?
Qu'est devenu notre cher Minitel ? Officiellement débranché le 30 juin 2012, après 30 ans de bons et loyaux services. Une fin discrète pour ce pionnier de la communication numérique. Aujourd'hui, les Minitel se retrouvent dans les brocantes, chez les collectionneurs vintage, ou transformés en jardinière hipster dans les appartements parisiens.
Mais son héritage est bien réel : le Minitel a préparé toute une génération de Français à l'ère numérique. Et certains experts affirment même que la France doit son taux élevé d'équipement Internet à cette première expérience collective. Le saviez-vous ? Le mot "blog" viendrait même du "web log" qui s'inspirait des services Minitel !
Alors, chers auditeurs, si vous croisez un jour un Minitel dans un grenier ou une brocante, accordez-lui un regard ému. Ce dinosaure technologique aux allures de grille-pain futuriste est un morceau de notre patrimoine numérique, un ancêtre vénérable de nos smartphones rutilants.
C'était la madeleine du Graal, un podcast produit par audio.5sens.fr et en partie réalisée à l’aide d’IA. À bientôt, pour un nouveau voyage dans vos souvenirs.